Jordan Vauvert
Créé conjointement avec Nihilist, Regnum Stella, Sanctum Regnum, Regnum Mortis est marqué par le même style de black metal : réunissant l'ordure et le sublime, il est dissonant (les notes suraiguës à la guitare donnent la nausée), ambiant et cosmique. Mais c'est surtout un long poème d'une philosophie noire qui suit ses propres règles et détourne les codes de la rime. Les questions s'accumulent et resteront sans réponse : c'est la vie.
REGNUM STELLA
SANCTUM REGNUM
REGNUM MORTIS
REGNUM MORTIS
Favorite track: Regnum Stella, Sanctum Regnum, Regnum Mortis.
Recorded during the Nihilist album session.
Mixed and mastered at Opus Magnum Studio, Belgium.
K.F.R is MT (instruments and vocals), drums by Déhà
lyrics
Nihiliste chronique, langueur cathartique
Prêche la mort, conspirateur du mauvais sort
Enfermé à jamais, enfer de la réalité
Noie la débâcle, ressort de l'intensité
Connaissance posthume, vivre la non vie
Défie ton amertume, languis toi du paradis
Souvenir de l'être, avilissement du paraître
Nihiliste nécrophage, bourreau de l'ère sauvage
Le coeur n'est plus, Avortement de l'absolu
Les instants où je ne fus pas, loin de la douleur, loin du désarroi
Nul besoin d'intercesseur, vos prières ne sont que leurres
Dé-créer, la seule tâche que l'homme puisse s'assigner
Disjonction du temps, anathème des amants
Dans ce décor sinistre, oublier de naître
Saveur proscrite, psychotrope de l'être
La disgrâce du Moi comme témoignage de foi
Là où rôde la mort, transgresse le mauvais sort
Seule l'affliction est vie, Pensée amère au goût de paradis
Rien ne défie la chute, perpétuelle cavalcade du démon hirsute
Malaise cosmogonique et sensation primordiale
Trouble identitaire cosmique, Purgatoire de l'acéphale
Un temps durant lequel le temps n'était pas encore
en n'étant plus, nous sommes loin d'avoir tort
Psychologue de l'ennui, la fausseté reste bannie
Pernicieuse est l'existence, somme du refus et de la souffrance
Endure la connaissance mais renie toute aberrance
Le nihiliste ne court pas après la mort, il fuit simplement la vie
Receuil des absurdités terrestres, là où rien ne devrait naître
Une fois les choses saisies dans leur entendement,
Leur compréhension devient ton principal tourment
L'homme est un animal orgueilleux,
Réceptacle de la folie, il en va de même pour le pieux
Térasser l'esprit d'un revers de non-sens,
Gageure du sage amateur d'omnipotence
Prêcheurs du solécisme, barbares de la rhétorique
La morphologie des prophètes qui insufflent la panique
A défaut de devenir sage, il s'emploie à être nécrophage
La raison demeure mais elle aussi se meurt.
Chaque jour tu t'enfonces un peu plus dans les méandres de l'oubli
Seule la matière persiste, sorte de volonté biologique intrinsèque à toute vie
Las et atterré, ton corps te fait défaut
Tu traînes une carcasse devenue vestige d'une vie passée
Un rêve à demi éveillé où chaque moment semble si lointain
L'as tu finalement vécu ?
Je pense à mes proches et amis décédés il y a peu
Ont-il regagné ce temps d'avant la vie ?
L'existence n'est qu'un milieu entre deux états similaires et infinis
Pourquoi lui accorde t'on tant d'importance aussi fugace soit-elle?
Eternité, ubiquité, omniscience
Notions auxquelles chacun aspire
Desideratum absolu de l'homme
survivre à l'aberration, maintenir son cadavre debout,
Fier et inébranlable en apparence
Mais au fond, que reste t-il à détruire une fois notre vie achevée ?
La non vie étant tout aussi pertinente conceptuellement que son contraire
A quoi bon vouloir s'en dissocier ?
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La démo Yūrei, amalgame de dark ambiant et de dungeon synth principalement, était une sacrée mise à l'épreuve, une entrée dans un monde monstrueux. Shi No Kage, premier album de Kyūketsuki, est l'opportunité pour Maxime Taccardi de prendre son envol et faire planer cette fois l'ombre de la mort. La guitare black metal, distordue et dérangeante, fait désormais partie intégrante de son culte mortuaire atypique ("Fuyu ga kita", "Shi no kage"). Le chant de Yūrei ? Tellement nuancé, maudit ("Sutra"). Jordan Vauvert
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Comme une ombre au tableau...
C'est dans Krónos que Saturnian Tempel trouve sa vraie raison d'être puisque Maxime Taccardi reprend sur la pochette Saturne dévorant un de ses fils mais en inversant les couleurs : c'est le blanc qui domine et il met en valeur une ombre qui n'appartient pas au titan, qui le menace — même les tout-puissants ne sont pas invincibles. Si le black metal ambiant de Krónos est cosmique, c'est parce qu'il met au jour une puissance mortifère incommensurable. Œuvre immense. Jordan Vauvert
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La décadence urbaine est un thème récurrent chez Maxime Taccardi : j'en veux pour preuve certains clips de K.F.R dans lesquels on le voit errer parmi les taudis et les déchets. Griiim, projet parallèle du peintre prolifique, baigne en plein dans cette crasse. Si cela peut rappeler Diapsiquir, l'objectif visé est complètement différent et on le voit sur le premier album Jöyful Noïse. La corruption de l'âme se fait par un black metal perverti ("I Put a Spell on You") et saturé ("I watch you Die"). Jordan Vauvert
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Si on m'avait dit que j'aurais eu envie de dresser un parallèle entre Zeal and Ardor et Griiim, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant...
Il est intéressant de noter que les deux aiment mettre de la soul dans leur black metal. Le premier le fait pour dénoncer l'esclavage qu'ont subit les Noirs ; Griiim le fait pour se libérer d'un esclavage social ("Intro", "MMXIX You Remember ?"), nous crachant à la gueule au passage. Bête Immonde : une progression fulgurante de Griiim dans son rap/black metal ! Jordan Vauvert